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Jalons de la dissidence
28 décembre 2022

PAS D'AUTRE ISSUE QU'UNE SORTIE DE NOUS-MÊMES

 

labyrinthe a

 

Viviani, ministre du Travail sous la IIIe République, se vantait à la tribune de la Chambre des députés : «Nous avons éteint, dans le Ciel, des Lumières que l’on ne rallumera plus» et célébrait l’avènement de «l’homme à qui nous avons fait le Ciel vide». Nous sommes depuis longtemps délibérément enfermés dans le plat horizon du désenchantement, du vide spirituel, mille fois dénoncé mais en vain par tant de Bernanos. Mais cet horizon, hier vaste encore et plein de promesses de conquêtes, d'éclatantes réussites est comme un lait qui a tourné, devenu étroit, encombré, étouffant, carcéral, toxique. Il ne peut plus être éclairé et aéré par les promesses progressistes des lendemains sinon chantants du moins meilleurs. De l'orgueil, de l'affirmation de soi, nous sommes passés à la haine de nous-mêmes. D'où les deux solutions à bien des égards complémentaires qui s'offrent à nous, Occidentaux, toutes deux signifiant l'effacement de l'humanité de l'homme tel que notre civilisation l'a conçue, - un effacement se situant dans le prolongement de celle-ci - : le wokisme et le transhumanisme.

Oui, malheureusement, nous sommes modernes, condamnés à la modernité. Le temps dans lequel nous sommes inscrits nous emporte nécessairement avec lui quelque soient nos tentatives de mises en retrait ou de fuites dans des élaborations imaginaires à mystiques de carton-pâte - elles-mêmes, du reste, totalement indexées à l'esprit de l'époque. On n'échappe pas aux rets du temps, de fait "on n'arrête pas le Progrès", c'est à dire le processus historique que désigne ou déguise ce nom. Nous n'avons pas le choix shakespearien d'être ou de ne pas être modernes, sinon celui d'adhérer ou non au projet de la modernité, au progressisme, à une idéologie qui depuis qu'elle a pris place ne cesse de se reconfigurer. Contemporains ou mécontemporains, Rimbaud ou Baudelaire, nous sommes tous de fait plus ou moins modernes. Toutefois, on ne peut plus, pour la plupart d'entre nous et pour la plupart des progressistes mêmes (mettons à part Musk, ce personnage vernien, et quelques autres géniaux et richissimes marchands d'avenir rêvés), proclamer comme il y a peu encore : « Il faut être absolument moderne ». Car ce qui a changé - et de ce fait il me semble que l'on ne veut tirer les extraordinaires conséquences quand bien même on accepte de le voir -, c'est que la modernité a modifié radicalement son horizon, ses décors. (Ce par quoi elle tenait vraiment - une civilisation toute orientée vers les futurs comme la nôtre tient par ses promesses bien plus que par ses réalisations.)

En son long temps renano-vivianesque, la modernité a éteint, nous l'avons dit, avec délice les étoiles, ces lumières qui guidaient dans la nuit prémoderne, cependant (et c'est ce qui a rendu possible le travail d'extinction) qu'elle éclairait la nouvelle ère d'une intense lumière diurne. Or voilà que le soleil des Lumières s'éteint à son tour. (Ce n'était peut-être après-tout qu'une très féérique ampoule.) Dès lors, rien d’autre que les illusions entretenues dans l'erre des habitudes ne luisent sur les horizons désertés de la postmodernité.

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