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Jalons de la dissidence
2 avril 2020

DEMAIN CE SERA POUR PLUS TARD

mondialiation

En suite de l’épisode Coronavirus, que l’on cesse de nous chanter le couplet « demain, ce ne sera plus comme avant » aussi agaçant que le slogan « plus jamais ça ! » servi à d’autres propos. Outre le fait que par définition chaque jour succédant à un autre est un jour nouveau, cette proclamation bien évidemment vraie est d’une vérité inutile, une proposition vide de sens tant qu’on ne l’a pas remplie de quelque substance. Surtout, cette proclamation laisse entendre que tout va changer du tout au tout, que l’on va échanger ce qui était hier contre son contraire demain. Par exemple : de la mondialisation effrénée nous courrons vers le « repli tribal » (tiens, tiens ! on croirait entendre de bons esprits : Mitterrand et Macron, s’exprimant en même temps). L’histoire ne marche pas cul par-dessus-tête, elle n’a pas la légèreté de nos idées. Une fois lancée, sa plus grande force, comme le disait un éminent médiéviste, c’est l’inertie. Ce n’est pas le covid 19 qui va arrêter l’avalanche de la mondialisation. La mondialisation, de la même manière que l’égalisation des conditions analysée par Tocqueville, est une dynamique profonde, un processus inscrit dans les gênes techno-productivistes du monde matérialiste et prométhéen que l’Occident a ouvert à coups de caravelles et de canonnières et qui poursuivra son chemin jusqu’au bout. Cela, bien entendu en s’adaptant -en mutant à manière d’un hégélien virus- en intégrant ses contradictions et en se dynamisant par leur dépassement, jusqu’à ce qu’elle aille à son terme… Demain ce sera pour plus tard car la mondialisation a déjà commencé à s’adapter voire, en certains domaines, à tirer son épingle du jeu.

Observons ce qui se passe. Tout d’abord, on nous explique que si la pandémie s’est bien développée dans un contexte de mondialisation, la mondialisation n’est pas la maladie (tout au plus est-elle son cluster) mais elle sera son remède. Et de fait par pure logique, on est conduit à penser qu’un problème qui se pose à l’échelle mondiale devra trouver nécessairement, pour être efficacement traité, des solutions au niveau mondial. Bientôt, après l'attaque du virus venu de Chine, ce seront les masques, produits pharmaceutiques et appareillages médicaux fabriqués dans l’Empire du Milieu, se rapprochant plus encore de sa place au centre du monde, qui prétendront nous porter secours (comme c'est déjà le cas en Serbie et en Italie). Etonnant, non !  Par ailleurs, ce sont des entreprises multinationales, filières de hautes technologies, organismes de vente en ligne et grandes surfaces qui s’en sortent plus que bien cependant qu'un très grand nombre de petites et moyennes entreprises et commerces voient, eux, leur situation se dégrader profondément. Des leçons fortes ne manqueront pas d’être tirées de l’expérience par les organisations de gestion de ressources humaines pour réorganiser l’ergonomie du travail, à l’échelle locale et nationale certainement, mais aussi à échelle mondiale. Pas besoin de sortir de chez soi pour observer le fait que, nous tous, contemporains confinés -du moins les techno-équipés-, nous nous évadons de manière virtuelle de notre réel enfermement par la grâce des réseaux sociaux, du téléchargement, du streaming, du télétravail, et qu'un système de télésurveillance électronique se met en place suscité par l'urgence.

Le Covid 19 fait le vide ; un vide que les instruments modernes et universels de communication, notamment, s’empressent de remplir aussitôt avec notre avide concours. Car l’inertie est en nous aussi, et peut-être surtout. Bobos, écolos, gauchos, libéraux ou réacs, nous sommes acculturés à la mondialisation, aux miroitements qu’elle ne cesse de diffuser par la pub, les médias, l’éducation, les industries culturelles. La mondialisation est aussi une idéologie diffuse, elle est l'air du temps que nous respirons, lui, sans masque, de longue date assimilée - dont nous sommes les porteurs sains. C’est elle qui véhicule les valeurs iréniques de la dynamique techno-productiviste, consumériste hédoniste, polluante et baladeuse. Addicts au Progrès, quand bien même nous comprendrions qu’il sombre, nous nous accrocherons à ses bribes comme les survivants de l’équipage de la Méduse à leur radeau. En nos cœurs et âmes, nous ne sommes pas près de tirer les leçons de ce qui nous arrive. Et c'est bien là, plus encore que sur les étals de pangolins d'un marché chinois, que gisent les causes chéries des impitoyables effets que nous subissons. La mondialisation remplit notre vide. Nous n’avons rien à lui substituer.

mondialisation

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  • DISSIDENCE. A tous ceux qui ne se font plus d'illusions sur le système en place depuis plus de quarante ans en France notamment et qui de partout entendent combattre l'appareil médiatico-financier multicuraliste avec les armes de l'esprit et dans la vérité
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